⊱ Mabel est la douceur et la patience incarnée. Elle a ce côté très fragile et très timide qui attendri les gens, mais aussi un côté plus confiant qui la rend agressive envers certains inconnus sans raison particulière. En fait, Mabel passe sont temps à se chercher. Elle a du mal à savoir qui elle est, ou qui elle veut être plutôt. Elle aime aider les gens et elle aime la compagnie. Mais parfois, sans trop comprendre pourquoi, elle se sent accablée par le chagrin, au point de ne plus pouvoir bouger. Dans ces moments là, son éternel sourire lui échappe, elle a beau essayer de toutes ses forces, elle est incapable de le faire revenir. Elle ne supporte pas la solitude mais n'accepte pas l'aide des gens. Mabel donne son aide mais ne supporte pas l'idée qu'on puisse lui rendre la pareille. C'est assez stupide dans le fond.
⊱ À Hailsham les gens la surnommaient Faith parce qu'elle croit toujours en l'avenir. Elle fait confiance aux gens, ne veut pas admettre que la partie est perdue ou que le monde est cruel et injuste. Elle cherche toujours une solution, persuadée qu'un jour elle la trouvera... ou qu'un jour quelqu'un viendra arranger tout ça. Longtemps, les gens ont pensé que Mabel ferait une parfaite accompagnante. Après tout, elle pourrait insuffler de l'espoir à n'importe qui. Mais bizarrement, elle n'a jamais postulé pour en être. La raison, restée mystérieuse aux yeux de tous, est assez simple. Être accompagnant suppose avoir l'espoir et la force. Hors, Mabel n'est pas quelqu'un de courageux. Elle ne pourrait jamais laisser partir ses donneurs ou affronter leur mort sans être terrassée. La foi est une chose, mais se forcer à aller la chercher en soi tous les jours, toutes les heures, en est une autre.
⊱ Les enfants du centre sont chouchoutés, couvés. Ils ne doivent jamais se blesser ou prendre de risque. Pourtant Mabel a toujours été une enfant assez fragile. Elle est très souvent malade, pas gravement, juste fiévreuse ou enrhumée. Elle a souvent été privée des activités " sportives " du centre étant plus jeune et elle en était assez peinée. Lorsqu'elle a quitté Hailsham, Mabel s'est un peu sentie pousser des ailes. Un jour, elle a pris le risque de faire une balade à cheval. N'ayant jamais vu de chevaux en vrai de toute sa vie, elle ne savait pas monté et s'est blessée en laissant son cheval s'approcher trop près d'une clôture. Son jean s'est déchiré avec le frottement et elle garde aujourd'hui une petite cicatrice ainsi qu'une large trace rougeâtre sur le genou droit. Les médecins l'ont souvent questionnée pour en connaître l'origine, mais elle n'a jamais daigné répondre. C'est en quelque sorte son petit secret.
⊱ Mabel est passionnée par les animaux. Elle n'a pas eu l'occasion d'en voir beaucoup au centre, mais elle passait son temps à rêvasser devant les livres d'images. Dans ses rêves les plus fous, elle s'échappe de tout pour devenir soigneuse dans un refuge pour animaux. Elle aime particulièrement regarder les oiseaux prendre leur envol. Et elle rêverait de posséder un chat ou un chien. Peut-être qu'un jour elle trouvera le moyen de réaliser son rêve. En attendant, elle continue d'y croire et d'arrêter devant toutes les animaleries qu'elle peut trouver.
⊱ Son pêché mignon est le chocolat à la cannelle. Elle l'a découvert en quittant Hailsham pour son centre d'accueil, en même temps qu'elle a découvert le plaisir de se faire sa propre cuisine. Quand on a passé sa vie nourrit à la cantine, se faire ses propres plats (et ses propres frayeurs en faisant des expériences culinaires!) est un luxe que Mabel apprécie tout particulièrement. C'est souvent elle qui fait la cuisine pour tout le monde puisqu'elle s'est révélée assez douée et très créatrice dans ses plats. On la surnomme parfois Maman pour la tactiner.
⊱ Comme beaucoup d'enfants qui ont grandi dans les centres, Mabel n'a justement pas beaucoup grandi. Elle reste très naïve et se montre parfois incroyablement ignorante dans les choses courantes de la vie. Elle ne tente pas de se rattraper depuis sa sortie d'Hailsham mais elle observe et apprend des gens qui l'entourent. Elle aime aussi beaucoup lire et se fait fréquemment peur avec des livres policiers ou fantastiques, comme si elle croyait encore à toutes ses histoires qu'on raconte pour faire peur aux enfants.

Voilà, c'était fait. J'avais soufflé hier mes dix-huit bougies. Du moins, j'avais imaginé les souffler hier. C'était une de mes idées lorsqu'on était petites avec Prim. Elle était toujours triste de voir les années passer sans pouvoir les compter exactement, alors pour lui rendre le sourir j'avais inventé cette histoire d'anniversaire. Elle était née fin décembre, car elle était toujours la plus petite de ses camarades. Moi, j'étais du vingt-trois mai parce que Prim disait que je sourirais toujours un peu plus quand le printemps revenait. J'avais donc dix-huit ans. Chez certains cela voulait dire être majeur, entreprendre des choses, quitter le cocon familial. Pour moi, ça voulait surtout dire quitter Prim... et commencer les dons. Bien sur, elle savait que je devait partir. Mais je n'avais pas osé lui avouer que je connaissais déjà la date de mon départ. Je n'avais pas eu le courage de regarder son petit cœur se briser. Elle était si jeune, si candide du haut de ses treize ans. Peut-être que finalement elle était plus mature que moi, plus courageuse aussi. Elle affrontait la vie à Hailsham la tête haute, elle connaissait son destin et n'entretenait aucun des espoirs de survies que je tentais de lui insuffler. C'était une source majeure de dispute entre nous, je lui reprochais d'être blasée et elle me rétorquait que je n'étais qu'une enfant. Mais cela ne durait jamais, nous avions bien trop besoin l'une de l'autre, après tout c'était ma petite sœur. Oui, encore une histoire qu'on avait monté. Les gens murmuraient toujours, timidement, que Prim était mon petit sosie. J'adorais cette idée, je voulais la protéger de tour, alors j'ai décrété qu'elle était ma petite sœur et souvent j'en oubliais même qu'il s'agissait d'un mensonge.
Le jour de mon anniversaire, j'avais cherché Prim toute la journée. Désespérée et déçue de ne pas voir sa petite tête blonde dans l'encadrement d'une porte me faisant un sourire entendu avant d'éclater de rire comme elle le faisait chaque année. D'humeur mélancolique, je m'étais laissée porter toute la journée dans le flot des élèves d'Hailsham, maudissant Prim, ce jour et ce qui devait en découler. Soudain, je m'intéressais à tous les cours, me découvrant une passion pour chaque matière. Je regrettais de ne pas avoir été plus attentive certains jours, je regrettais que tout s'arrête comme ça, d'un seul coup. Personne ne m'avait prévenu que cela se passerait ainsi, et j'avais tout d'un coup l'impression d'être seule au monde. Hailsham était mon ravisseur et j'étais atteinte du syndrome de Stockholm, je ne rêvais plus de voler de mes propres ailes, je ne rêvais plus de voir le monde mais simplement de rester blottie dans ma prison fleurie. Après tout je n'étais pas si mal là, je pouvais voir le ciel et les étoiles, j'avais Prim et mes amis.
« Mabel! Mabel hé ho! Allez viens! » Prim était apparue de nulle part avec son sourire et son impatience de petite fille. Elle ressemblait à un ouragan blond. Elle était tellement à l'opposée de moi. Elle l'avait toujours été, même enfant, mais c'était pire de jour en jour. Prim était une bombe à retardement. Je l'avais donc suivie, en ronchonnant toujours de ne pas avoir droit à mon anniversaire. Elle me tirait par la manche, et je savais qu'elle levait les yeux au ciel devant ma lenteur. Elle était toujours exaspérée de ma lenteur, elle qui courait plutôt que ne marchait. Finalement, elle était parvenue à me traîner jusque dans un coin perdu du parc d'Hailsham. Curieuse, j'ouvrais de grands yeux à Prim, qui pour seule réponse soupira en désignant un arbre du doigt. Je laissais donc mes yeux s'habituer à la lumière pour découvrir la surprise de Prim. « Joyeux anniversaaaaire! » me cria-t-elle. Devant moi s'étendait une sorte de petite cage à oiseau qu'elle avait sûrement du échanger contre un de ses jouets. Dans cette cage se trouvait un petit oiseau. Je ne savais pas dire quelle race exactement car je n'en avais jamais vu d'aussi près. Il chantait peu mais il était magnifique. « Ça te plaît hein ? Je sais qu'on pourra pas le garder là pour toujours mais juste un peu, pour que tu le regardes! » Je me fendis d'un sourire. Prim était pleine de surprise. Elle avait du passer des heures pour capturer cet oiseau, elle donner un objet qui lui était cher juste pour m'arracher un sourire. Et moi, moi j'étais sur le point de lui briser le cœur. Il fallait que je lui dise, mais dans cet instant de paix et envahie par toute cette vague de bonheur, je ne pouvais pas m'y résoudre. Je décidai donc d'attendre. Encore rien qu'une journée pour profiter de notre petit paradis. Je serrais ma petite sœur dans mes bras, retenant quelques larmes au coin de mes yeux. Je la remerciai et laissai s'envoler le reste de ma journée à ses côtés.
Mais la journée avait finit par s'éteindre. J'avais peu dormi de la nuit, je cherchais les mots pour lui expliquer. Elle pouvait être tellement fragile, elle m'en voudrait pour toujours en plus. Prim était rancunière, parfois méchante. J'essayai toujours de trouver le bien en elle mais parfois elle me faisait peur. Elle avait une rage de vivre effrayante et elle ne tolérerait pas mon mensonge. Elle me dévisagerait, féroce, avant de tourner les talons. J'avais si peur que je pensais par moment que je pourrais m'enfuir sans rien dire, en lui laissant une note, mais c'était stupide. Aujourd'hui donc, je me levai tôt et cherchai Prim pendant un petit moment avant de la trouver en train de lire au soleil. « Hé Prim. Ça va ? Tu viens te balader avec moi ? » Je l'entraînai le long d'un petit chemin. Elle semblait curieuse mais ne parlait pas. Elle ne parlait jamais la première quand elle savait que j'avais quelque chose à lui dire, elle ne me faisait pas l'honneur de me simplifier la tâche, je devais me battre et me montrer courageuse pour gagner son attention. Je regardais partout, mon regard se posait sur la moindre fleur, le moindre reflet. Tout pourvu que j'évite son regard. Prim ne brisa pas le silence. Elle m'observait du coin de l'œil, méfiante. Je pris ma respiration. « Voilà alors hum.. Je, enfin tu sais... comment dire. C'est tellement difficile. » Je glissai ma main dans la sienne et plongeai mon regard dans le sien. Être courageuse. « Tu sais que j'ai eu dix-huit ans hier. Et voilà. Le grand jour est arrivé. Tu sais bien ? Je vais devoir quitter Hailsham. Je vais devoir te quitter toi pour rejoindre un lieu d'accueil, ça sera un peu ma maison de grande personne. » Elle détourna le regard et accéléra la cadence mais je la retins par les épaules, l'obligeant à s'arrêter et à me regarder. À ce moment particulier, Prim n'était plus une bombe à retardement, pleine d'énergie et de rage; elle n'était plus qu'un enfant. Une petite fille à qui on annonce qu'il va falloir devenir grande parce que la vie est dure et que personne ne pourra plus être là pour elle. Elle refusait de me regarder, j'avais beau effleurer son menton, elle ne voulait pas me voir. Sans doute retenait-elle quelques larmes, ou bien se cachait-elle pour ne pas me les montrer (car Prim ne pleure jamais, elle est forte comme un roc). Je n'ai jamais vraiment su et je me pose encore la question aujourd'hui. Était-elle triste ou en colère ? « Je pars demain très tôt Prim. Tu m'entends ? Je pars demain. Je suis désolée, tellement désolée de pas avoir eu le courage de te l'annoncer plus tôt. Mais tu sais.. » ma voix, lentement se brisa dans les sanglots. Pourquoi elle ne me regardait pas ? J'avais le droit à se dernier regard ! Non ? « Prim c'était trop dur de te le dire. Tu vas tellement me manquer! Je ferais tout pour te retrouver quand tu quitteras le pensionnat tu sais ? Tu m'entends Prim ? Je te le promets! Prim regarde moi s'il te plaît ? Tu seras toujours ma petite sœur d'accord ? Tout va bien se passer. Prim, je t'aime. N'oublie jamais » Je la serrai fort dans mes bras. L'émotion de cet instant m'empêche de me souvenir si elle m'a rendu cette étreinte ou non. J'oublie même les mots qu'elle a prononcé. Si bas que je n'ai pas bien compris, je sais que je veux la faire répéter mais l'instant d'après elle s'évanouit dans la nature et je n'ai pas le courage de la rattraper. Si elle ne m'a tiré par le bras, c'est qu'elle ne veut plus de moi.
Je suis donc partie le lendemain très tôt vers mon centre d'accueil. Je n'ai aucun souvenir de la route, simplement le goût amer de n'avoir jamais eu ce regard en retour et de vrais au revoir. Je n'ai jamais revu Prim depuis, même s'il ne se passe pas un jour sans que je pense à elle.

Aujourd'hui, je me réadapte péniblement à la vie après ma première opération. Tout me semble un peu plus dur qu'avant. Mes pas sont plus lourds et mes yeux se fatiguent plus vite alors je partage mon temps entre les examens médicaux et du sommeil à haute dose. Les médecins ne semblent pas inquiets, je devrais très vite retrouver mon chez moi. Je ne suis pas inquiète non plus, je sais que tout ira bien s'ils le disent. Tous le monde est très gentil avec moi, surtout les infirmières. Elles ont chaque soir ce même regard attendri lorsque je peine pour finir mes repas. Il faut dire que la nourriture est un peu infecte quand même, bien loin de ce que j'ai l'habitude de préparer chez moi. J'ai hâte de retrouver mon chez moi, d'entendre le bruit des vagues et de retrouver mes quelques amis. La vie de l'hôpital est fade. En fait, elle manque curieusement des couleurs de Prim. Je crois qu'elle ne m'a jamais autant manqué que depuis que je suis là. Bien sur, les premiers temps ont été très dur, mais la vie est curieuse et j'ai commencé à panser mes petites blessures. Je ne dis pas qu'elle ne me manque plus, ou que je l'oublie, simplement, penser à elle devenait un peu moins dur et je prenais plaisir à me rappeler nos bons moments ensemble. Enfin, ça c'était avant d'entrer ici. Depuis que je suis cloîtrée dans cette chambre, je ne pense plus qu'à elle. Donner une petite partie de mon foie, c'est m'éloigner un peu plus de la vie, m'éloigner d'elle. Les espoir que je nourrissais de la retrouver me semble un peu trop naïfs ici. Je sais que tout changera dès que je rentrerai chez moi. J'irais à la mer avec mes colocataires, je trouverais quelque chose de drôle à propos de Prim à leur raconter... Et tout ira beaucoup mieux. Je recommencerais à râler lorsque je dois faire le ménage, suppliant les autres de rester cantonner dans ma cuisine, ils râleront lorsque je raterais un plat et je bouderais dans mon coin avant de m'adoucir et de m'appliquer un petit peu plus. Je tenterais aussi de trop un petit chaton, depuis le temps que j'en rêve. Prim, à ma place, aurait déjà réalisé tous ses rêves et elle en aurait de nouveaux. Quand je pense à elle, je me donne du courage, je suis un peu fatiguée et mon ventre me fait un peu moins mal. J'espère de tout mon cœur survivre à mes deux prochains dons, je sais que les autres n'y croient pas beaucoup. Je suis fragile, un peu tremblante, je claudique jusque dans la salle de bain parce que la cicatrice me tire. Mais moi j'y crois, c'est peut-être l'essentiel non ?
Je sursaute. Le téléphone résonne sur les murs délavés. J'hésite à répondre, c'est sûrement quelqu'un qui se trompe, personne ne m'a appelée depuis que je suis entrée pour le don. J'ai eu une lettre de mes colocataires, l'une d'entre elle est partie pour son deuxième don. Je préfère ne pas y penser, elle est si frêle qu'ils ne la laisseront sans doute pas revenir avec nous. Ils préfèreront la garder ici, pour surveiller sa santé. Le téléphone ne s'arrête pas et la sonnerie me fait bourdonner les oreilles. Je dois donc me résoudre à décrocher, sans conviction. « Allô ? » La ligne est mauvaise, je dois me concentrer pour déchiffrer ce que déclame la personne à l'autre bout du fils. « Mabel ? Mabel c'est ***. Écoute je suis désolée mais je ne peux pas venir aujourd'hui, ma voiture a un soucis et je ne la récupère que demain. Je suis vraiment désolée Mabel, ça va aller ? Comment tu te sens ? » Mon accompagnante a l'air vraiment désolée. J'aurais adoré la voir aujourd'hui, elle est tellement drôle et rassurante. Mais bon, elle viendra demain, ce n'est pas si grave après tout. « Oui ça va. Ne t'en fais pas, fais attention sur la route, on se verra demain. » « D'accord, ne fais pas trop d'efforts, tu devrais sortir d'ici une semaine ou dix jours selon la cicatrisation. Ton docteur est très confiant, il faut juste finir de changer les pansements et tu seras libre. » Me voilà rassurée, la vie enfermée ici n'est pas faite pour moi. Je m'autorise un sourire. « Oh, c'est chouette. Dis ***, est-ce que tu as des nouvelles de Jane ? » « Oui. Elle va bien mais elle est trop fragile pour vivre seule. Elle restera à l'hôpital désormais, peut-être que tu pourras la voir avant de partir, je te communiquerais son numéro de chambre. » « D'accord merci. À plus tard ? » « Oh attend Mabel! Une nouvelle personne va bientôt arriver dans votre maison puisqu'une place est vacante désormais. Je ne sais pas son nom, mais elle devrait arriver en même temps que toi tu rentreras. Voilà, allez, bon courage, repose toi. Bisous! » La tonalité me laisse sur ma faim. Une ou un petit nouveau va arriver dans notre petit chez nous. J'ai hâte de rentrer et de faire sa connaissance. Peut-être que ça sera quelqu'un que j'avais déjà croisé à Hailsham. Ou bien quelqu'un qui vient de loin. Je suis un peu triste de ne plus revoir Jane, mais je sais qu'elle s'en sortira mieux ici. Elle sera forte et je pourrais peut-être venir la voir parfois, qui sait ? Je m'autorise à rêvasser quelques instants sur le profil de notre petit nouveau. Et si c'était Emma ? Elle devrait avoir dix-huit ans maintenant. Non, impossible. Emma n'était pas dans la classe de Prim. Or...
Or Prim va avoir dix-huit ans ! Je sursaute dans mon lit. Ma cicatrice me fait mal, je ne devrais pas m'énerver comme ça. Je ne devrais même pas m'autoriser à penser que... Mais c'est trop tard. Peut-être que la nouvelle sera Prim ? C'est pratiquement impossible mais j'ai cet espoir qui grandit et qui m'envahit. Bientôt je me dis que ce n'est pas si impossible que ça. Après tout, Prim et moi devons nous revoir. Je le sais, je le sens. C'est écrit. C'est même moi qui l'ai écrit. Et puis je lui ai promis aussi. J'ai tellement hâte de rentrer maintenant. Je suis sûre que tout va s'arranger.